Le jeune gnome reprenait peu à peu conscience. La première pensée qui lui vaint à l'esprit fut qu'il n'avait plus la sensation que sa boite craniène s'appretait à exploser. Il n'entendait plus son bourdonnement incessant ni ne sentait la douleur atroce qui le faisait soufrir depuis des jours et des nuits. Ses jambes, ses bras ne le torturaient plus, sa peau ne le démangeait plus.
Santalemon n'ouvrit pas les yeux. Il se sentait serrein, apaisé. Il laissa son esprit vagabonder quelques instants le long de la frontière séparant les rêves de l'eveil, les dernières sensations de la nuit s'évaporant peu à peu.
Il tenta de se remémorer quelques bribes d'images, de souvenirs...
Goldshire... la maison ... hantée... plaintes, pleures... la bague... le fantome... aby...
Tout cela lui paraissait bien loint, à présent. Il s'en souvenait à peine, et avait du mal à rassembler les pièces du puzzle... Tout était si flou...
... aby... gaelle, c'etait son nom... son mari... son corp... les défias...
Il se souvenait d' Abygaelle, de son histoire. Il lui avait proposé son aide.
... L'île... du cairn, l'assaut... la fuite... les ... défias... échec... capture..... capture......
Le gnome marqua une pause, et inspira longment. Il lui fallait faire beaucoup d'efforts pour parvenir à se concentrer.
Après sa capture, Santalemon s'était réveillé dans une petite salle, dos contre sol, les mains et les pieds liés, gisant au milieu d'un bien étrange attirail : tout autour de lui, étaient entreposés de longs tubes d'alchimiste, d'où s'échappaient de fins filets de fumées colorées. Divers outils tranchants, des objets mystiques et des ossements trainaient un peu partout. Plusieurs cages et caissons pendaient, accrochés au plafond bas de la pièce par d'épaisses chaines, dans lequels des poulets, des rats, et des coyotes en bien piteux états étaient enfermés. Des cercles et des runes avaient été tracé sur tous les murs, certains gravés dans le bois.
Un brouhaha de liquides en ébulition, de grincements de chaines et de gémissements émanait de l'endroit.
Si tout cela était encore très flou, le jeune gnome se souvenait bien de la terreur indicible qu'il avait éprouvé en distinguant, à travers les vapeurs colorées, au fond de la petite pièce, un grand cylindre transparant contenant un corps d'humain, presque plié en deux, à la peau verdatre, rongée, et dont une partie des organes internes pendaient à travers une énorme plaie béante.
Santalemon était resté ligoté ainsi plusieurs heures avant que deux hommes aux foulards rouges ne viennent le détacher et l'enfermer dans l'une des cages, en compagnie d'une poule déplumée bleue à une patte.
Les jours qui suivirent furent sans doute les plus horribles de sa jeune vie de gnome... Il se souvenait d'être resté à genoux, presque nu, des heures durant, tandis les défias s'affairaient autour de lui en l'aspergeant de produits, de poudres et de gris-gris divers. On lui fit boire des dizaines de lotions toutes plus infâmes les unes que les autres, on le plongea dans des bains de vâse verdatre, on le piqua et on l'electrocuta à plusieurs reprises.
Un humain aux longs cheveux noirs les obervait souvent faire, se plongeant de temps en temps dans la lecture de parchemins et d'épais grimoires poussiereux.
Santalemon ne dormait plus, ne mangeait plus. Il n'avait plus même conscience de ce qu'il se passait autour de lui la plus part du temps...
... mais il se sentait tellement mieux, à présent... il se sentait ... léger. Son crâne, son corps ne le faisaient plus souffrir. Il planait... et il était heureux.
Santalemon fit de gros efforts pour ouvrir un oeil... puis l'autre.
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