Rêves partagés

Minka était assise, adossée à un arbre dans les bois. Une lumière dorée, douce et chaleureuse, filtrait à travers l’épais feuillage. Au loin, on entendait le murmure d’un ruisseau. L'herbe était grasse et abondante, formant un tapis moelleux. La jeune femme se concentrait sur une brassée de fleurs qu’elle tentait de transformer en une couronne, comme elle l’avait fait tant de fois durant son enfance. Elle y mettait toute son attention, s'efforçant de ne pas penser à autre chose. Mais au bout d'un moment, un souffle d'air improbable balaya tout son travail, éparpillant les fleurs au loin. Avec un soupir, Minka se leva pour les ramasser.

Des branches bruissèrent plus haut dans la sylve, faisant lever les yeux à la jeune femme. Elle apercut un papillon de rouge et d'or qui dansait avec des feuilles tombants des cimes. Elle sourit, regarda un petit instant le balet aérien, puis se pencha pour rammasser ses fleurs. Non. Pas des fleurs, une assemblée de papillons venait d'apparaitre à ces pieds ! Il y en avait de toute les couleurs, de celles de l'arc-en-ciel jusqu'aux blancheurs neigeuses et aux noirceurs de la nuit. Un nouveau coup de vent fit s'envoler l'assemblée dans un nuage chromatique. Lorsqu'il se fut dissipé, la verdoyante forêt c'était dissipé pour laissé place à un coin gris et silencieux. Les arbres etaient tristes et torturés, les racines et les branches entremêlées dans une mortelle étreinte. Le papillon rouge etait là, posé sur une racine noire toute proche. Il battait des ailes comme si il voulait attirer l'attention de Minka. Sous la noueuse racine il y avait un trou, bien plus gros que le terrier d'un renard, sombre et insondable.

Minka regarda autour d’elle d’un air intrigué. L’atmosphère pesante la mettait mal à l’aise. Seuls les craquements du bois troublaient le silence, donnant un air presque vivant aux arbres. Minka frissonna et ramena son attention vers le papillon, qui continuait de battre frénétiquement des ailes. Elle s’approcha et s’agenouilla devant la racine. Elle tendit doucement la main et le papillon rouge et or vint s’y poser, chatouillant sa paume de quelques battements d’ailes. Puis sans crier gare, il plongea dans le trou noir sous la racine. « Attend » fit la jeune femme en introduisant la main dans l’ouverture pour essayer de le rattraper. Mais une poigne de fer lui saisit le poignet et, en poussant un cri de surprise, elle bascula toute entière dans le trou qui s’était soudain élargi. La chute lui noua la gorge et l’estomac et elle ferma les yeux pour ne pas voir des ombres défiler à toute vitesse autour d’elle. Puis, sans qu’aucun choc ne se produise, elle eut la sensation de fermeté sous ses pieds. Alors seulement elle se décida à ouvrir les yeux.

Crypts

Un lointain cri résonna, parcourant les murs comme une onde de tristesse. Les dernières lamentations vinrent s'éteindre lentement dans la colonne vertebrale de Minka. L'endroit était froid et humide et une unique torche vacillante tentait d'éclairer les murs de pierres et les recoins de la salle. Le plafond était bas, assez pour obliger à s'y tenir vouter. Devant, un couloir s'enfoncait dans les entrailles de la terre, le papillon s'y était déjà engagé, comme pressé par une urgence mystérieuse. Minka fit quelques pas, la gorge noué et le corps encore tremblant. Elle leva le bras gauche devant elle, une lanterne à la main, rassurée par l'épée qui battait sa cuisse.
Des grilles donnaient sur des cachots tout au long du couloir. Dans chacun se trouvait un corps en phase plus ou moins avancée de décomposition. Là elle reconnaissait un ami d'enfance, ici un commerçant qu'elle connait bien, ou là encore un membre éloigné de sa famille, tous morts et en putréfaction. Un hurlement de douleur retentit à nouveau au loin, rapidement suivi d'un rire strident et métallique. La lignée de cellules continuait devant elle, laissant présager de nombreuses victimes. Minka se figea, le courage commençant à lui manquer. Au-delà du cercle de lumière, à une quinzaine de mètres devant elle, le papillon menaçait de disparaître avalé par les ombres.

Lorsqu’il ne fut plus qu’un petit point rouge au loin, Minka se décida enfin à le suivre, levant sa lanterne bien haut. Elle s’efforçait de regarder droit devant elle pour ne pas voir les corps suppliciés dans les cellules. L’odeur de putréfaction lui donnait la nausée.
Le papillon avançait vite, et elle dut courir pour le rattraper. Mais elle trébucha sur le sol inégal et tomba à genoux. Dans la chute, la lanterne se brisa et Minka se retrouva dans l’obscurité. Tremblante, elle se releva et commença à avancer à tâtons dans ce qui lui semblait être la bonne direction. Elle marcha longtemps, une main balayant l’air devant elle, l’autre tenant fermement son épée. De temps en temps, on entendait une plainte, mais elles se faisaient de plus en plus faibles, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’autres bruits que la respiration saccadée de la jeune femme. Enfin une lumière blafarde apparue devant elle, dévoilant une porte entrebâillée. Le papillon l’y attendait. Lorsqu’elle ne fut plus qu’à quelques mètres, il s’engouffra dans l’ouverture. Minka hésita un instant puis se faufila à sa suite.
Elle entra dans une grande pièce éclairée par une unique torche, à l'opposé. Accrochés au mur ou étalés sur des tables se trouvaient les pires instruments de torture qu'on puisse imaginer. A l'autre bout de la salle, un homme lui tournait le dos, penché au dessus d'une table dégoulinante de ce qui devait être du sang. Dépassant de la table, on devinait un pied nu. Minka se glissa plus profondément dans les ombres d'un recoin de la pièce, mais l'homme se redressa et fit volte-face pour la regarder droit dans les yeux.

Oh Mother Dear

Minka hurla de toute ses forces lorsqu'elle reconnu le visage de l'homme et ferma les yeux et les poings de toute ses forces. Elle n'osa pas, ou n'eu pas le temps, de voir qui etait sur le chevalet. Mais le corps n'avait pas la taille d'un adulte...
Elle s'ecroula sur le sol secouée par de violents soubresauts et menaca de s'étouffer. Les yeux toujours clos, elle se calma en se forcant à respirer lentement et profondément. Des images et des souvenirs affluèrent, la plupart doux et parfumés comme une tarte aux pommes à la cannelle. Mais tous assombris par le présent et son implacable réalité.
Lorsqu'elle fut assez calmé, Minka put ressentir un chatouillement sur sa peau. Elle n'était plus prostrée dans cette horrible salle. Elle ouvrit ses yeux embuées de larmes et put admirer un océan de nuages s'étendre tout autour d'elle. Des petits oursons etaient en train de jouer à la marelle tout près d'elle pendant qu'une famille de lapin à forme humaine pique-niquait dans la bonne humeur. Plus loin était assise sur le bord d'un nuage une petite fille en robe diaphane. Elle avait le dos tournée et regardait au loin, seule.
Une entêtante comptine résonnait tout au fond du crâne de Minka...

La jeune femme n’en croyait pas ses yeux. Mais surtout, elle ne pouvait quitter du regard la petite fille assise plus loin. Tremblante d’émotion, elle fit quelques pas dans sa direction … et évita de justesse deux oursons qui déboulèrent devant elle et poursuivirent leur course en poussant de petits cris joyeux. Elle les regarda sauter du nuage en nuage avec un léger sourire, puis soupira et reprit son avancée. Un instant elle hésita puis elle rassembla les jupons de sa longue robe immaculée pour s’asseoir à côté de l’enfant. Dans sa tête, la comptine s’interrompit. Sans cesser de fixer l’étendue nuageuse, la petite fille parla :
- Maman …
Minka sentit sa gorge se nouer douloureusement.
- Pourquoi tu es si triste ?
Comme elle ne répondait pas, la fillette se tourna vers elle. Son visage était grave. Ses grands yeux bleus scrutaient le regard de sa mère. Elle ne devait pas avoir plus de cinq ans, mais elle semblait si sérieuse !
Avec des gestes lents, Minka la prit dans ses bras et l’attira contre son cœur.
- Ne t’en fait pas pour moi, ma chérie. Je vais très bien.
Doucement, elle se mit à caresser les cheveux de l’enfant, qui ferma les yeux. Dans le crâne de Minka, la comptine lancinante reprit.

Minka émergea du rêve le ventre noué, pendant que son coeur battait la chamade. Le sang pulsait violement en faisant bourdonner ses oreilles. Comme essouflée, elle respira profondément pour tenter de se calmer et de retrouver ses esprits. Une larme coula le long de sa joue pour aller mourir dans les draps chauds.

Les dernières braises crépitêrent dans l'âtre. Dans la pénombre de la chambre, des yeux inquiets se posèrent sur la jeune femme.
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Nouveau rêve. Pour ce premier texte je me suis inspiré de la foire que l'on retrouve dans le Mangecoeur, excellente BD en trois volumes que je conseille à tous.
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Le Kangourou Maléfique

Il y a foule aujourd'hui. Les gens avec le beau temps et l'euphorie des victoires millitaires contre le fléau se sont déplacés en masse pour venir profiter des jeux et des charmes de la grande foire du Mangecoeur.
Mïnka emportée par la deferlante des visiteurs vient de passer pas les gigantesques portes surmontés de gargouilles aux positions grotesques et de statues de clowns difformes. A l'interieur, la multitude des couleurs s'imposent au visiteur tel une formation de pom-pom girls taurennes. Les attractions sont là à foissons et on ne distingue même pas le bout de l'allée principale; la foire est tentaculaire et grouille continuellement de monde de toute les races et cultures. Etrangement il n'y a la que des adultes en train de rire et de s'amuser, pas une trace d'enfants. Et quand Mïnka croit en avoir vu un, elle constate que ce n'est qu'un gnome, parfois un gobelin en constume ou un clown nain. Dans cette foule qui respire la bonne humeur et l'élan festif un visage attire l'attention de la jeune femme. Elle a vu quelqu'un qu'elle connaissait, et lui aussi l'a remarqué.

A travers cette marée humaine, Minka se fraye difficilement un passage, récoltant quelques coups de coudes au passage. Mais enfin, elle arrive au niveau de l’homme avec un sourire radieux aux lèvres. « Tu as pu venir ! C’est merveilleux ! » Et avant qu’il puisse répondre, elle le sert un court instant dans ses bras, comme pour s'assurer qu'il est bien là, puis lui prend la main et l’attire plus profondément dans la foule. « Viens, dépêche-toi, le spectacle va commencer. » Sans se lâcher la main pour ne pas se perdre, tous deux avancent, emportés par le courant puissant. Le vacarme assourdissant de la foire les dissuade de parler. Des effluves viennent leur chatouiller les narines : odeurs de grillades, fritures, mais aussi tartes et sucreries. D’un coup d’œil dans une allée sur la droite, on aperçoit la tente aux décorations alambiquées d’une diseuse de bonne aventure. A côté, l’étal d’un vendeur de potions miraculeuses dégage d’étranges fumerolles colorées. A gauche, une large allée dévoile un petit parc où de jeunes hommes se battent de manière courtoise pour obtenir les faveurs d’une belle dame. La ruelle d’après, c’est un homme couvert de cicatrices, criant pour attirer le public, qui expose les animaux les plus insolites devant des badauds stupéfaits. Mais jamais Minka ne s’arrête et c’est toujours plus loin dans la grande allée qu’elle entraîne son compagnon.
Enfin, ils arrivent devant un gigantesque chapiteau duquel s’élève déjà les clameurs de la foule. Avec des gestes impatients et excités, Minka repousse les lourds pans de toile cirée et pénètre à l’intérieur.

En contre-bas ce trouve une vaste scène pour l'instant vide recouverte de sable. Tout autour d'immenses gradins terminent de se remplir de miliers et de milliers de spectateurs. Le brouhaha ne semblaient pas vouloir diminuer d'intensité, même lorsqu'un petit monsieur en habits noirs et chapeau haut-de-forme arriva au milieu de la piste.
Minka et Elchior trouvèrent finalement des places libres alors que le présentateur commencait seulement à se faire entendre à l'aide d'un porte-voix diablement efficace.
-"Mesdames et Messieurs ! Les rougarpies que vous venez de voir vous remercient pour vos encouragements, et s'excusent pour le petit incident de parcours ! Rassurez vous la victime s'en sortira..."
Le calme se fit sous le chapiteau.
"Mais nous enchainons sans plus attendre, je vous demande d'applaudir bien fort la famille Grandvent !"
Tonnerre d'applaudissements. Une musique rapide et entrainante se fait entendre alors que trois couples font leur entrée en sautillant et tournoyant. Chacun des artistes est habillé dans un justaucorps d'une couleur différente, et chacun des couples semblent appartenir à une autre generation. S'engage alors une etrange sarabande vive et mouvante, entre sensualité et prouesses gymnastiques. Alors que les hommes font jouer leur puissance au sol, les femmes dévoilent leur grâce dans un ballet aérien d'envolées et de sauts.
Tandis qu'enflent les exclamations et les paroles d'appreciations dans le public, les danseurs et danseuses comment à se devêtir. On commence à crier et siffler lorsque les corps se devoilent. La danse s'achève par une pyramide humaine et une cascade d'hurlements et d'applaudissements.
Les Grandvents se retirent dans le plus simple appareil, avec courbettes et baisés soufflés.
Le maitre de ceremonie fait à nouveau son entrée et tente de rammener le calme. Minka, quelque peu géné par l'enthousiasme des gens alentours a froncé les sourcils. Elchior, comme pour l'encourager, lui fait un signe de tête entendu. En quelques secondes le calme se fait.
-"Public adoré, c'etait la famille Grandvents, enfants, parents et grand-parents. Merci pour eux ! Pour la presentation suivante, nous allons avoir besoin d'un ou d'une volontaire !" Murmures sous le chapiteau.
"Qui donc assistera notre prochain et grandiose artiste ?"
Le presentateur tourne sur lui-même en regardant dans le public à la recherche de sa proie, avec des yeux de renard et un sourire malicieux aux lèvres.
Ca y est. Il l'a trouvé.

Le petit homme pointe le doigt vers les gradins et un halo de lumière vient entourer Elchior. Comme il hésite, Minka, partagée entre la déception et l’amusement, l’incite à descendre sur la piste. En bas, un homme grand et sec s’avance sous des applaudissements polis et mitigés. Avant de se retirer, le maître de cérémonie le présente comme Iloen, le grand prestidigitateur. Il n’a pourtant pas l’air d’être très reconnu.
Pendant que des hommes installent toutes sortes d’instruments et boîtes mystérieuses sur la scène, l’artiste s’entretient avec Elchior. Puis il lui fait signe de se placer sur le devant de la piste, face au public. Il lève ensuite les mains pour tenter de faire taire le brouhaha et commence à parler :
« Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, ce soir je vais vous présenter un tout nouveau numéro. Pour cela, je vous demande le plus … »
Mais des cris et hurlements venant des coulisses l’interrompent. Un rugissement retentit, faisant se retourner Elchior. Un terrible silence tombe sur la salle. Face à Elchior, à l’autre bout de la piste, se tient un énorme lion en colère. Minka, les mains plaquées sur sa bouche, retient son souffle. Le lion fait un pas en avant, menaçant. Elchior recule d’un pas et se retrouve au bord de la piste ; il ne peut pas se dérober d’avantage. Le prestidigitateur, de l’autre côté, est recroquevillé par terre, tentant de se faire le plus discret possible. Le fauve fait un deuxième pas ; Minka s’agrippe à son siège, les yeux fixés sur les crocs gigantesques. Puis il pousse à nouveau un terrible rugissement et bondit droit sur Elchior. La jeune femme hurle d’horreur mais son cri est aussitôt étouffé par un tonnerre d’applaudissements et de vivats. Abasourdie, elle voit son Elchior sain et sauf, entouré d’une pluie fine, dorée et scintillante, tandis que l’artiste se relève et commence à saluer la foule en liesse.
Comme les acclamations n'en finissent plus, Elchior quitte la scène pour retrouver Minka, encore tremblante sur son siège.
« J’ai beau avoir été prévenu, c’est tout de même impressionnant ! » dit-il, ravi.
« C’était … un simple numéro … le programme disait … sans grand intérêt … classique … » bégaye Minka en guise de réponse.
Son ami, soudain soucieux, la regarde dans les yeux et dit : « on peut aller ailleurs si tu veux ». La jeune femme hoche la tête, sert les poings et ferme les yeux. Lorsqu’elle les ouvre, elle se trouve avec Elchior au sommet d’une haute tour.

Un éclair zébra un ciel d'encre, éclairant la salle où venaient d'arriver les deux rêveurs. L'endroit etait richement décoré avec une prédominance de tons rouges et noirs : Teintures et tapis couleurs carmins et sanguins s'etalaient devant de la pierre sombre et des meubles d'ébène. C'etait une sorte de salon plutot vaste, amménagée pour accueillir un grand buffet, une surface de danse ou de discussion, et une âtre plutot impressionante où etait entrain de crepiter le feu. Discretement installé dans un coin, un groupe de musiciens jouait une musique douce et reposante. Sur la grande table reposaient divers mets et vins de qualité.
-"Madame m'accorderait-elle cette danse ?" s'inclina bien bas Elchior.
Minka sourit en donnant sa main au cavalier.
Ils entamerent une valse lente faite de brutales accelerations, virevoltants dans toute la pièce. Elchior etait tout sourire dans son complet noir, tandis que Minka rayonnait et fouettait l'air de ses long cheveux defaits et de sa robe rouge et noire.
Mais... Minka tomba... Ses yeux s'ecarquillèrent de surprise. Elle regarda devant elle, la bouche encore en o. Non. Elle était toujours debout, Elchior l'interrogea du regard.
-"Je... J'ai cru que je tombais. Une perte d'équilibre. Ce n'est rien."
Elchior serra ces machoires et lacha les mains de la jeune femme.
-"Il est là, Minka. Notre intrus est arrivé."

Une à une, les flammes des chandeliers qui illuminaient la salle furent soufflées par une brise glacée. Bientôt, il ne resta plus que le feu mourrant pour tenter de chasser les ombres grandissantes. L’orchestre ne s’était pas arrêté. Au contraire, la valse s’était intensifiée, plus vive et plus joyeuse, sans pour autant égayer l’atmosphère. Cela avait même pour effet la rendre plus pesante, oppressante et angoissante.
Minka, nerveuse, tournait lentement sur elle-même en écarquillant les yeux pour tenter de discerner un mouvement dans la pénombre tandis qu’Elchior restait immobile, les poings serrés.
« Et maintenant, demanda la jeune femme, que va-t-il se passer ? »
« Je ne sais pas, reconnut Elchior. C’est avant tout ton rêve. Et ce démon n’est certainement pas le même que le mien. Mais il ne doit pas être bienveillant. Reste vigilante, et n’oublie pas que ce n’est qu’un songe. »
Ils restèrent ainsi quelques instants, silencieux. Et brusquement, la musique s’arrêta. Une silhouette apparut entre les ombres. Elle s’avançait vers le couple en décrivant de larges cercles concentriques, s’approchant petit à petit, comme un prédateur devant sa proie. La créature n’avait pas de forme distincte. Ou plutôt, elle était floue, comme si elle changeait constamment d’apparence. Les deux jeunes gens l’observaient en silence, à la fois inquiets et curieux. Puis, lorsqu’elle ne fut plus qu’à quelques mètres, la créature s’immobilisa. Lentement, elle se scinda en deux et les contours se firent plus nets. Minka et Elchior virent alors leurs parfaits sosies les regarder d’un œil narquois.
L’instant d’après, ils avaient disparus.

Dreams

La musique s'etait tut.
-"Qu'est ce que c'etait ?" Demanda en un souffle Minka.
-"Un demon. Une sorte de change-forme." Elchior s'arreta un instant pour reflechir puis poursuivi : "C'est un malin. Si il est capable de se faire passer pour quelqu'un d'autre, nous risquons de ne pas le reconnaitre, et d'être piegé. Cette nuit ou une autre."
Elchior prit la jeune femme dans ces bras et la serra pour la reconforter.
Une série d'éclairs silencieux illuminèrent la scène. Il prit deux verres de vin et en tendit un à sa compagne.
-"Bois en un peu, ca te remettra d'applomb. Tu iras te coucher après. Ca ira mieux demain."
Minka commenca à porter le verre à sa bouche mais s'interrompit au milieu.
-"Qu'est ce que..." Elle fronca les sourcils.
C'est à ce moment qu'elle l'entendit, au travers des clapotements de la pluie dehors et des gresillements du feu.
Un cri etouffé. Ou extemement lointain, comme noyé par du bruit blanc. Elle posa le vin et tendit l'oreille, d'ou cela venait-il ? Son regard se porta sur le seul élement mouvant de la piece : Le feu de cheminé. A l'interieur, on devinait un visage de flammes se tordant de douleurs ou d'efforts. Elle essaya de comprendre ce que disait la manifestion ardente, et parvint finalement à lire, ou à imaginer, sur les lèvres enflammées ces mots : "Reveille toi !"
Minka tressaillit. Sans se retourner elle demanda :
"Dis moi Elchior ? Tu penses que Fanelor pourra nous aider pour ce problème ?"
-"Fanelor ? Oh. Oui j'espere, j'irai le voir demain..." Repondit-il nonchalament.
Et le visage de flammes dont elle ne discernait pas les traits mais qu'elle connaissait pourtant par coeur continuait de se tordre hideusement :
-"Minka, reveille toi !"

Alors Minka, de toutes ses forces, chercha à sortir du rêve et à se réveiller. Mais … mais elle n’y arrivait pas ! Une tentative, deux, trois … non, elle était toujours là. Prise de panique, elle chercha un soutien dans les flammes, soutien qu’elle ne trouva pas : le visage avait disparu. La jeune femme se retourna pour voir le démon qui avait pris l’apparence d’Elchior la regarder avec un sourire moqueur, insolent. Il se tenait accoudé au buffet, sirotant son verre de vin, menaçant mais pas encore agressif.
Et soudain, Minka sentit des mains l’agripper, un lourd tissu lui tomba sur la tête. Elle cria, se débattit et finit par émerger des draps, dans son lit, dans sa chambre. Sous le regard attentif d’Elchior qui avait cessé de la secouer, elle se redressa dans le lit, le souffle court, brûlante et encore tremblante, pour observer la pièce, pour s’assurer qu’elle était bien de retour dans la réalité. Puis sans un mot, elle se recoucha et alla se blottir dans les bras de son compagnon.

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[HRP]
Nouvelle aventure onirique. Minka et Elchior continuent de rêver.
Musique !
What is Fight Club
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La rencontre eu lieu en un endroit étrange et écrasant. C'était une sorte de cul-de-sac remplit de détritus et entouré d'immense tours qui montaient haut dans le ciel. La nuit était tombé et seul un reflet bleuté éclairait la scène. Ils s'étaient rassemblés autour d'un feu malsain dans lequel finissaient de griller quelques rats.
Personnes ne savaient qu'ils étaient là, mais eux se connaissaient tous. Il y avait là le vieux prophète qui annoncait la fin des temps dans sa robe sale maculé, lui presidait cette rencontre. A ces cotés une femme recroquevillée sur elle-même à la peau verdâtre, aux dents longues et quelques mèches de cheveux éparpillés sur le crâne. Puis formant un arc de cercle autour d'eux une assemblée qui faisait froid dans le dos : Un prêtre chauve aux yeux exorbités par des abus divers et un marteau a la main, une gnomette avec de jolies couettes brune et un peu de poil au menton, Un troll caché dans l'ombre à la longue chevelure rose, un orc bardé de métal avec une lame encore degoulinante du sang d'un inconnu, Un nain plus poilu qu'un bison entrain de dessiner des obscenités sur le sol, un petit garcon l'air innocent mais dont les yeux en hyper activité trahissaient une prise recente de drogue dure, une femme vêtue de noire face au mur qui semblait parler toute seule, en retrait un homme reflechissait, il ne semblait pas s'etre rendu compte que sa partie inferieur avait été arraché et laissait voir ses entrailles répandues sur le sol. Lui tenait la main une jolie demoiselle enceinte mais dont chaque parcelles visibles du corps étaient scarifiées.
Ce ne pouvait être qu'un cauchemar. Et pourtant...

Dans la rue d’à côté, Minka avançait d’un pas rapide et léger sous le clair de lune. Elle regardait autour d’elle, hochant régulièrement la tête d’un air satisfait. Cette ville, propre et lumineuse, elle s’était évertuée à l’imaginer et à la créer selon son idée. Elle avait pensé chaque brin d’herbe. La jeune femme était heureuse d’être parvenue à créer ce petit univers de ses propres mains, consciemment, et elle pensait déjà au prochain, plus abouti, qu’elle pourrait rêver. Malheureusement, il manquait encore une présence dans son rêve … ou alors elle était trop distante pour que Minka puisse la percevoir. C’était comme un vide, mais un vide nécessaire, elle le savait.
Prise d’une brusque inspiration, Minka tourna à droite et déboucha dans une ruelle sale et malodorante. Intriguée par cette allée inattendue, elle s’avança dans les ombres et c'est là qu'elle surprit l'étrange réunion. Elle se figea dans un coin, derrière un tas de détritus. Heureusement, les personnes rassemblées autour du feu n’avaient pas l’air de l’avoir vue. Mais d’ailleurs, qui étaient-ils ? Elle n’avait pas voulu les rêver, que faisaient-ils alors ici ? Etaient-ce des démons ? Non, ça ne pouvait pas être possible, ils étaient trop nombreux ! Alors cela signifiait-il qu’elle n’arrivait toujours pas à maîtriser ses rêves ?
Vexée, elle donna un petit coup de pied dans le tas d’immondices, faisant tomber une bouteille en verre qui alla se briser bruyamment sur les pavés. D’un bloc, l’hideuse assemblée se retourna. Minka se raidit, hésitante. Démons ? Créatures issues de son imagination ? Elle se rappela les conseils d’Elchior. Dans le doute, il valait mieux les suivre. Triste à l’idée de quitter cet univers qu’elle venait d’achever, elle se concentra néanmoins. L’instant d’après, elle se trouvait au milieu d’une vaste pleine neigeuse qui s’étendait à perte de vue.

Au loin la neige se confondait avec un ciel remplit de nuages au point de ne plus savoir ou etait l'horizon, donnant une impression de se trouver flottant dans le vide. Un teintement de clochette se fit entendre derriere Minka : Elle eu tout juste le temps de se jeter de coté pour éviter un traineau tiré par quatre gros worgs de glace et conduit par un albinos aux cheveux de jais. Ils la dépasserent et se fondirent dans une brume laiteuse.
Minka se releva en pestant. Ou diable etait-elle tombée ? A l'evidence les rêves recelaient encore bien des surprises, conscients ou pas. Tout cela la rendait nerveuse. Elle imagina un bosquet verdoyant, sortant du brouillard pour venir l'entourer comme un cocon protecteur. Si on voyait encore un blan immaculé derrière les arbres, c'etait maintenant de jolies couleurs qui dominaient. Minka sourit et s'assit sur un tronc d'arbre. Elle caressa un petit lapin blanc qui dormait sur un tapis de mousse.
-"Bonjour toi ! Comment tu t'appelles ?"
Le lapin sursauta en se reveillant et lui dit avec des yeux effarés :
-"Oh, mon Dieu ! Oh, mon Dieu ! Je vais être en retard !"
Puis il bondit et disparu dans un taillis.
Bizarre. L'attention de la jeune femme fut détourné par un cri de défi : Une sorte de gros Tauren venait d'apparaitre à l'orée du petit bois. Il portait une gigantesque lance dorée et ne semblait pas très amical. La créature chargea une Minka désemparée qui tenta de prendre son épée atachée dans le dos, mais trop lentement... La lance s'enfonca dans ces entrailles et ressortit derriere pour se planter dans le bois.

Surprise, Minka écarquilla les yeux ; sa bouche s’entrouvrit. Elle sentit le sol vaciller sous ses pieds mais elle resta debout, affaissée contre l’arbre. Lentement, comme si elle ne pouvait y croire, elle baissa la tête vers la lance qui dépassait de son ventre. Une étrange douleur sourde en irradiait, engourdissant petit à petit la jeune femme. Lorsqu’elle releva la tête, son agresseur avait disparu. Elle n’avait plus la force de lever les bras pour retirer la lance qui la traversait. D’ailleurs, elle n’avait plus la force de rien faire. Même ses pensées étaient ralenties. Que faisait-elle là, déjà ? ... Elle était partie chercher des champignons, oui c'était ça ... Ce devait être l'heure de rentrer et de préparer à manger. Ils devaient déjà tous l'attendre, à la maison ...
Doucement, alors qu’elle s’affaissait d’avantage contre l’arbre, sa vue s’assombrit. Lorsqu’il n’y eut plus que des ombres dansantes autour d’elle, des craquements de brindilles se firent entendre. Quelques secondes plus tard, une explosion de douleur l'éblouit et le sol alla durement à sa rencontre.
Lorsque Minka recouvra ses esprits, elle était allongée sur le lit moelleux, dans la chambre douillette de la maison de Stormwind. Elchior était assis sur le bord du lit, la regardant d’un air inquiet.
« Ca va ? demanda-t-il. Je suis désolé, je t’ai réveillée mais tu avais l’air de perdre pied dans ton rêve. »
Minka sourit faiblement en guise de réponse et il l’attira dans ses bras pour la réconforter. Elle remarqua qu'une partie du mobilier avait changé de place durant son sommeil. Et un bruit de pas précipités dans l’escalier la fit froncer les sourcils d'avantage.
« Qu’est-ce que … » commença-t-elle. Mais elle s’interrompit en voyant surgir dans la chambre la copie conforme de l'homme qui la tenait dans ses bras.

Le second Elchior était pâle, presque ethéré. Ses yeux blanc vides de pupilles fixèrent Minka, puis l'autre Elchior. Sa voix rauque raisonna :
-"Minka ! Ecarte toi de lui ! C'est le démon !"
Le démon ? Ne serait-ce pas plutôt cette sorte de fantôme qui est le change-forme ? Une boule de peur naquit dans le ventre de la jeune femme. Elle se jeta hors du lit pour s'eloigner en rampant des deux Elchior et s'adossa contre l'un des murs pour rassembler son courage et faire face. La sueur froide de la peur coulait le long de sa colonne vertebrale.
-"Ma chérie, ne l'écoute pas ! Tu vois bien que je suis le vrai. Lui n'est qu'une triste copie. Il n'a pas encore reussi à totalement s'incarner en notre monde !"
Elchior se retourna contre Elchior, brandissant une lame et faisant danser des flammes sur sa paume.
Les yeux du Pâle semblaient implorer quand il prit la parole :
-"Minka, nous sommes encore dans ton rêve. Je n'ai pas respecté mon interdit parceque... parceque ton vrai corps à commencé lui aussi à transparaitre."
Il déglutit, cherchant à trouver un arguement imparable. Le premier Elchior répondit.
-"Tu es intelligent, mais pas assez pour nous tromper !"
Il se retourna.
"Minka, ton cauchemar se termine ici en même temps que ce manipulateur, nous allons enfin pouvoir dormir en paix."
Une énorme boule de feu fusa sur le Elchior le pâle qui jeta un dernier regard d'une tristesse infinie à Minka. Il fut pulveriser. Quelques secondes furent necessaire pour que les cendres et la fumée retombent.
-"Noooooooooon !" Un rictus de fureur déformait le visage de Minka. Elle hurla. Le rêve explosa comme l'aurait fait un mirroir.