Minka est assise sur le rebord de la fontaine, devant la cathédrale de Stormwind. La place est déserte. Il fait nuit. Un vent chaud fait jouer les mèches de cheveux de la jeune femme. Celle-ci reste immobile, le dos bien droit, le regard fixé sur le parvis de la cathédrale. Pourtant, elle sent qu’elle devrait être ailleurs, à faire quelque chose de très important ; mais quoi ?
Elle entend les cloches sonner. Puis le silence. Soudain, un terrible hurlement, venu de partout et de nulle part à la fois, déchire la nuit. Minka sursaute, son cœur rate un battement. Elle connaît ce cri : c’est elle qui l’a poussé, des années auparavant. Sans savoir pourquoi, elle se lève et se dirige vers l’orphelinat situé juste à côté.
En entrant dans le bâtiment, la jeune femme est prise de vertiges. Tous les enfants de l’orphelinat, sans exception, sont à terre, morts, égorgés. Minka tombe à genoux, des larmes silencieuses coulent le long de ses joues. Une voix résonne : « Tu n’as rien fait pour les sauver, comme tu n’as rien fait pour la sauver. » Minka ouvre la bouche pour hurler mais aucun son ne sort. Elle ne peut détourner le regard de l’ignoble spectacle ni exprimer, crier sa douleur qui grossit, grossit tellement que la jeune femme se sent prête à exploser.
Minka relève soudain la tête. Elle a senti comme une présence, un effleurement. Elle regarde autour d’elle mais il n’y a personne … personne en vie. Pourtant, elle sent maintenant comme une main glissée dans la sienne. Elle frémit et, les yeux toujours noyés de larmes, penche la tête de côté, se concentrant sur cette étrange sensation. Une voix qu’elle connaît lui glisse à l’oreille : « Ouvre les yeux. Ce n’est qu’un rêve. » Minka redresse doucement la tête. Elle écarquille les yeux. Les enfants ont disparu. Ou plutôt, ils sont sagement endormis dans leurs lits. Sur le plancher, une dizaine de pantins gisent à la place des petits. Un souffle d’air frais sèche les larmes de Minka. Lentement, un doux sourire fleurit sur ses lèvres. « Ce n’est qu’un rêve », répète-t-elle.
Sa vision devient floue, petit à petit la pièce disparaît. Dans le lit, Minka se réveille, le visage encore baigné de sueur et de larmes mêlées, mais le léger sourire toujours sur ses lèvres.